Messina – Sur la route qui mène d’une mer à l’autre

Depuis le bord de la mer, en face de la Madonnina qui vous salue et votre ville, on peut se lancer dans une montée brève mais sèche d’abord en ville, puis après être passé sous les rampes aériennes de l’autoroute, en forêt jusqu’au Colle S. Rizzo. Il s’agit d’un carrefour entre la SS113 qui va de Messine à Villafranca et la SP50 qui du bout du cap à Sparta remonte en direction du sud-ouest le fil de la crête de montagne qui domine Messine. Le Colle S. Rizzo est le point de bascule entre le versant orienté vers la Mer Ionienne et le détroit de Messine et le versant qui glisse vers la Mer Tyrrhénienne et les îles Eoliennes.

La première partie se fait en ville. Il faut idéalement partir assez tôt le matin pour s’extraire de l’agglomération avant le fort trafic qui peut l’occuper, se faufiler aussi dans le passage étroit qu’offre la Via Palermo, entre les containers, les véhicules stationnés en double file qui font d’une route bi-directionnelle un goulet où une voiture croise à peine avec un vélo, en évitant les ornières et les nids de poule sournois du bitume cent fois rebadigeonné à la truelle, et tout en gardant un bon rythme en montée pour ne pas être en décalage trop marqué avec le flux des véhicules. Ce flux reste heureusement lent, compte tenu des obstacles. Et, plus on s’éloigne du centre, moins le trafic est dense.

On passe sous les rampes aériennes de l’autoroute et on est soudain catapultés sur une petite route de montagne, la SS113 qui monte au Colle S. Rizzo. La progression est agréable, les virages en forêt succèdent aux virages en forêt avec une caractéristique inhabituelle: l’intérieur des épingles à cheveux est pavée.

Ces pavés ont été installés à l’époque où les chariots se rendaient de Gesso à Messine pour y amener des produits agricoles au marché tôt le matin, avant de revenir en début d’après-midi chargés des marchandises acquises en ville. Les chariots roulaient sur une piste de terre et leurs roues endommageaient le revêtement fragile, principalement dans les virages et les épingles à cheveux. Ces passages sensibles furent recouverts de pavés, appelés San Pietri, en un puzzle admirable et indestructible. Aujourd’hui, les pavés subsistent, les tronçons autrefois de pistes ont été asphaltés, au profit d’une belle alternance pour le cycliste.

L’arrivée au Colle S. Rizzo n’est pas spectaculaire, un panneau usé et délavé annonce 460 m d’altitude, on parvient à ce carrefour situé à une petite dizaine de kilomètres de Messine et à 240 km de Palermo. Mais surtout c’est ici le départ d’une autre ascension, un tremplin vers un point de vue lui exceptionnel, au Monte Dinnamare… (à suivre).

 

Messina fait partie des escales de « cyclisme en croisière« , en particulier l’itinéraire « Beautés d’Italie ».