Mars 2024
Bellegarde est tout en bas, tout au fond même, empêtrée entre le canyon creusé par le Rhône, le pont de l’autoroute, les montagnes de l’extrémité occidentale du Jura. Le col de la Faucille est tout en haut. La D991 les relie en une longue bande de bitume de 40 kilomètres jusqu’à Mijoux puis encore une demi-douzaine (D936) de Mijoux au col. La montée se fait en rive gauche de la Valserine, toujours à distance notable de la rivière dont on sent la présence mais qu’on ne côtoie pas.
C’est une belle montée, progressive, mais longue, ponctuée de redescentes pour respirer, avaler rapidement quelques kilomètres, mais au prix d’une augmentation des mètres de dénivellation à surmonter au total.
De Bellegarde (Valserhône) à près de 250 mètres d’altitude au col de la Faucille à exactement 1323 mètres, on traverse les différents types de végétation et de culture, dans le Parc régional du Haut-Jura. D’abord dominent les champs et les pâturages où le dégagement est vaste sur la périphérie industrieuse de Bellegarde et les montagnes vers le nord-ouest. Puis on voit étonnamment des buis et des chênes qui donnent un aspect presque méditerranéen au cadre dans lequel on roule. Des forêts de hêtres arrivent alors, très denses, seule la D991 que l’on suit offre une perspective. Avec l’altitude on retrouve des clairières et des pâturages ponctués de conifères. Depuis Mijoux, la dernière partie de l’ascension se fait en forêt de sapins blancs et d’épicéas. On roule dans un des confins préservés et calmes de la France qu’il faut aller explorer.
Si l’on choisit bien la période, le calme caractérise la montée, le trafic vers les villages posés pour ainsi dire à équidistance les uns des autres sur la D991 reste modéré. On peut se concentrer sur le dosage de l’effort, le rythme des coups de pédale, la discipline d’une gorgée d’eau bienfaisante de temps à autre.
Sur le bord de la route des panneaux indiquent les kilomètres comptés de 1 à 40 en partant de Mijoux. On est d’abord effrayés en roulant depuis le bas de la vallée à Lancrans, 39, 38, 37… puis on les oublie lorsque la bonne cadence s’est installée.
On croise des bars et des restaurants dans la montée, moins dans la première moitié, tous ne sont pas ouverts, mais à Lélex (par exemple au bel Hôtel du Centre) et Mijoux, en tout cas en saison, on est sûr de pouvoir faire une pause et boire un café.
De tous les axes routiers qui convergent vers le col de la Faucille, la D991 est le plus paisible. À Mijoux on attaque sur la D936 les deux dernières rampes, plus dures, en forêt, vers le col de la Faucille. On s’extrait de la vallée de la Valserine, on s’éloigne aussi de sa partie supérieure, sauvage, là où la rivière prend sa source. Il faut poursuivre, cibler le col, basculer de l’autre côté, vers le pays de Gex plus affairé, sachant qu’on regrettera le calme de la vallée de la Valserine.